un tas de matière comprimée et entassée?
émotions éclatées, intimement et intensément enlacées;
le reflet de nos rêves,
le sentiment sécurisant de nos pensées
le bien-être, la prospérité, la concorde
l’harmonie parfaite…
ou alors la tension engendrée par ce désordre apparent
le mal être, l’étreinte de l’angoisse qui vous ronge
ce poids qui vous cloue au sol
jusqu’à ce que nous nous arrêtons
pour saisir ce qui est de plus précieux en nous
un simple fil
et si ce fil se rompait
nous nous saisissons des deux bouts pour les renouer
comme pour un nouvel élan
Réalisation
“’Tout ce qui est précieux ne tient qu’à un fil”
Le projet artistique trouve son origine dans une intense émotion face à l’amoncellement monumental de ballots de déchets dans l’usine textile : « Spinnerij van Veurne ». Nous y lisons la poésie et éprouvons la fragilité et aussi l’émouvante beauté que dégage ce sisal compressé.
Le point de départ du projet artistique consiste en l’exécution d’ une chorégraphie dans le hall de production de la filature de Furnes « Spinnerij van Veurne ».
Les danseurs sont dirigés par Yana Barrez, chorégraphe de la troupe de danse S.O.D.C.
Cette performance est simultanément photographiée par Iwein De Keyser, photographe d’art et filmée par Dominique Hoornaert, vidéaste.
Le vacarme cadencé des machines de production est reproduit dans une composition musicale de Sam Hugé.
Le matériel audiovisuel est ensuite exposé dans les ateliers de la fabrique du ‘Netwerk Aalst ’à Alost.
Inspiration
Je traverse le hall de production de la filature de Furnes.
Soudain je me retrouve devant un mur monumental fait de ballots de sisal compressé.
Un mur de déchets, prêt à être évacué.
Les ballots de sisal me regardent.
Ils m’interpellent.
L’émotion me prend.
Je suis éblouie par leur beauté, leur fragilité et aussi par leur rayonnement puissant.
Pourquoi suis-je à ce point émue?
Et, peut-être que vous aussi, vous ressentez de l’émotion.
Est-ce la douceur des couleurs, les tons sécurisants, l’harmonie ou la poésie que dégagent les nuances presque capillaires de teintes?
Ou alors ces juxtapositions engendrent une tension, une sensation de chaos, de mal-être ?
Le cardage
Le travail des fibres de sisal n’est pas tendre.
Les fibres sont écartelées et démêlées – sur des lits de clous.
Elles sont ensuite déposées par la machine en volutes sur le sol.
Les mèches blondes, brunes ou noires de sisal sont alors reprises, filées et tissées en matériaux de bases pour la réalisation d’objets du quotidien auxquels nous portons fort peu d’attention.
Comme les ficelles en sisal qui servent à nouer des boites ou des paquets.
Nous en coupons nonchalamment les fils et les jetons.
C’est peut-être dommage.
Ce mince fil jeté pourrait être symbole de notre fil de vie.
Un fil précieux que nous aimerions pouvoir tenir, retenir.
To hold on to.
De l’idée au concept
D’une histoire de déchet à une quête de sens.
Le projet s’est révélé au cours de ma recherche artistique.
Au départ de ballots de sisal monumentaux pour aboutir à un simple fil, le fil de notre vie, dans un précieux écrin.
Le fruit de ce processus de recherche évoque ce qui nous est précieux, à la fois fragile mais aussi puissant.
Comme notre parcours de vie, à la fois humble et solitaire mais aussi imbriqué dans des dimensions qui nous dépassent. D’un monde où tout peut être doux, confortable et harmonieux mais qui reste d’une grande fragilité, où finalement tout pend à un fil : notre vie, notre bien-être, nos contacts sociaux, nos valeurs démocratiques, notre prospérité, notre climat, les droits humains, et plus récemment la paix mondiale et même l’avenir de l’humanité.
Ces ballots de sisal sont le reflet de cette réalité. Les ballots colorés entrelacés exposent leur fragile beauté et sont aussi le résultats de traitements violents, chaotiques, résultats de compressions douloureuses.
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Témoignage
Marleen Limbourg capte la beauté et la force rayonnante des ballots de déchet de sisal.
Elle y découvre pour nous la poésie de la fragilité de la vie et du destin. Elle partage avec nous la fugacité, la fragilité et l’intime entremêlés. Elle se contorsionne du chaos et se débat dans la tourmente de l’actualité.
Elle combine également fertilisation croisée des différents champs artistiques. Le résultat en est une co-création ‘’Gesamtkunstwerk’’, où différents artistes interagissent dans la réalisation d’un projet global.
Elle rend également hommage au savoir-faire des travailleurs du terrain. Ce projet artistique est également une ode aux ouvriers ‘’noueurs’’ de l’industrie textile. Ils nouent manuellement les fils et réparent les cassures plus de mille fois par jour. Sans eux, pas de tissage. Marleen invite le spectateur à méditer sur l’importance de renouer le fil de la vie vers un nouveau départ.
Biographie de Marleen Limbourg
Marleen Limbourg, artiste conceptuelle, est fascinée par le message que nous livrent les objets du quotidien et les magnifie en œuvres d’art. Elle recherche de la sorte les couches plus profondes de notre façon de vivre et des choix que nous faisons.
Remerciements
À vous, spectateur et amateur d’art,
grâce à votre ouverture d’esprit, votre interprétation sensible et votre curiosité, vous complétez notre œuvre.
En tant qu’artiste nous n’existons pas sans l’autre, sans vous.
Nous ne pouvons capturer qu’une fraction d’une réalité et l’afficher dans une image.
Une création artistique n’existe que par l’interaction avec les autres.
C’est pourquoi nous remercions chaleureusement tous ceux qui ont contribué au processus de la conception à la réalisation :
Ann, Annelies, Charlene, Charlotte, Clara, Geert, Houssein, Igor, Ivo, Jennifer, Joris, Katty, Luc, Marc, Mieke, Noëlla, Nora, Pierre, Rik, Sam, Sonny, Stef, Valerie, Vera, Wouter, Zoë.
Et pour conclure, les sponsors, et tout particulièrement MLAdvisie, pour permettre aux artistes de déployer leurs ailes en toute liberté
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